Biographie, Épitaphe, Sainte chapelle de Bourges
François de Bueil fait partie de la branche aînée des Bueil-Sancerre. Arrière-petit-fils de Jean V, il était le fils de Jacques de Bueil, comte de Sancerre, et de Jeanne de Bois-Jourdan.
Se détournant du métier des armes cher à ses ancêtres, il se tourna vers une « carrière » d’homme d’église. Renouant avec la pratique de son aïeul Hardouin (oncle de Jean V), fondateur avec ses frères de la collégiale et évêque d’Angers, il gravira les échelons de la hiérarchie religieuse pour, de la Sainte Chapelle, dont il fut le Trésorier, en passant par l’abbaye de Plaimpied, accéder au titre disputé d’Archevêque de Bourges.
La Sainte Chapelle de Bourges fut construite par la volonté du duc Jean de Berry, oncle de Charles VI, entre 1391 et 1405. Cette Sainte Chapelle, attenante au château du duc, abritait d’insignes reliques (Sainte Épine, fragment de la Vraie Croix). Respectant l’usage de la Sainte Chapelle de Paris, le chapitre de la Sainte Chapelle de Bourges comprenait un trésorier, un chantre, onze chanoines, treize chapelains et six clercs de chœur. Endommagée par la foudre, la Sainte Chapelle de Bourges, dans laquelle le duc Jean de Berry avait choisi de se faire enterrer, fut démolie à partir de 1757 sur ordre de Louis XV. Une salle d’apparat provenant de l’ancien palais ducal a été intégrée à l’hôtel du département (Place Marcel Plaisant). Le tombeau (gisant) de Jean de Berry se trouve aujourd’hui dans la crypte de la cathédrale. Le musée du Berry (4, rue des Arènes) conserve plusieurs éléments (sculptures, fragments de vitraux) provenant de la Sainte Chapelle.
On ne sait rien des premières années de la vie de François de Bueil (né en 1489) ni comment il accéda, en 1509, à la fonction de Trésorier de la Sainte Chapelle. On peut supposer qu’il avait déjà exercé des responsabilités sur le plan religieux et que son appartenance à la famille de Bueil n’est pas étrangère à l’obtention de ce poste important.
François de Bueil a-t-il tiré parti de son statut de Trésorier de la Sainte Chapelle pour doter la collégiale de Bueil, l’église nécropole de ses ancêtres, de reliques de première importance ? On peut le penser, même si aucun texte ne vient corroborer cette hypothèse.
François de Bueil fut abbé de Plaimpied de 1513 à la fin de sa vie en 1524. L’abbatiale romane Saint Martin de Plaimpied existe toujours. Elle se trouve sur la commune de Plaimpied-Givaudins, à 12 kilomètres au sud de Bourges, et mérite une visite (très belle série de chapiteaux ). François de Bueil ne laisse pratiquement aucune trace dans les archives en tant qu’abbé de Plaimpied (seuls deux textes le concernant nous sont parvenus) ce qui s’explique par le fait que, d’une part, l’abbaye était à l’époque en pleine décadence et que, d’autre part, François était abbé « commendataire » (uniquement préoccupé par le revenu temporel) sans véritable attache avec les religieux et la vie de l’abbaye. C’est par ailleurs un érudit. Il appartient à l’université de Bourges où, selon la chronique, « il enseigne les lettres saintes et le droit canon à l’applaudissement général ».
Chanoine prébendé de la cathédrale de Bourges, Antoine de Bueil succéda à Antoine Bohier, archevêque décédé le 27 novembre 1519. Cette succession se déroula dans des conditions particulièrement tumultueuses. En janvier 1520, les chanoines du chapitre de la cathédrale l’élisent archevêque, par 17 voix sur 30, s’opposant en cela à la volonté du roi François Ier qui voulait imposer pour ce poste son propre confesseur, Guillaume Pavie, évêque de Troyes. L’affaire est portée devant le pape Léon X qui déclare canonique l’élection de François de Bueil le 1er juillet 1521. Le roi persistant à ne pas le reconnaître, ce n’est qu’en 1522 que François de Bueil put faire son entrée solennelle à Bourges, porté, selon l’usage de l’époque, par les représentants des familles nobles de la province.
A sa mort, survenue à Paris le 25 mars 1524, son corps fut ramené à Bourges pour être inhumé dans le chœur de la cathédrale, près du tombeau du Bienheureux Philippe Berruyer. Son épitaphe, gravée en latin sur sa dalle funéraire, se faisait l’écho des démêlés qui l’avait opposé à François Ier au moment de son élection. Ce texte, portant atteinte à la mémoire du roi, a peut-être été en partie martelé. Il en existe plusieurs versions. Voici une traduction du relevé effectué par Thaumas de la Thaumassière :
« Ci gît François de la lignée de Bueil, grand par la noblesse tant de son sang, que de son âme. A la tête de Bourges où il était déjà élu, contre son gré le Prince s’est arrogé ses droits. Donc, suite à un appel examiné par l’Autorité romaine, il a conservé, ici et à partir de ce moment-là, sa situation contestée.
Après cette difficulté……….
Il a toujours conservé une attitude courageuse dans les affaires où il s’était une fois engagé, comme il a observé, jusqu’au bout des ongles, les règles libres des clercs et de sa charge. »